2.8.09

30 Ans


« Naissance ou Renaissance ? »

Huit mois et vingt-deux jours… Une gestation quasi-normale. Le terme était si proche que ce soir là, un lundi, n’y tenant plus, je décidais de m’extirper de cette gangue de peine, sans raisons réelles, ou actes déclencheurs évidents. Peut-être était-il simplement temps ? Là, las, j’ouvrais enfin les yeux devant un écran de pixels emplis, poussais ce cri primal que seule ma conscience hurlait, et naturellement, (re)commençais à (re)vivre (rayer la mention inutile... tous les choix seront appropriés !). Lundi 20 juillet…

Et qu’elle fut longue cette grossesse… Qu’elle fut patiente, Elle, procréatrice et sage femme, qui sous ses airs rudes ne cessa jamais de veiller sur moi… Que, les semaines passant, je causais de souci, créais de bile, déversais de poison… Blessé, blessant, âme, amie, amis, famille…

M’extirpant du ventre mou de tristesse, le regard encore noyé des mucosités de paysages passéistes et amers, enfin j’essuyais un œil… puis l’autre… et d’un cillement timide, bref, balayait l’avenir qui se dissimulait sous mes humeurs automnales. Ce que je vis n’était plus cette poche sombre où je me complaisais, endormi depuis des mois, ténébreux cocon de sécurité toute relative, ténébreuses habitudes illusoires… Non, rien… Plus de barrières autres que ce qui semblait être des choix, les miens, mes envies, mes pulsions… Je fronçais un peu les sourcils sous cet éclairage nouveau d’une vie déjà bien accomplie : mais était-ce réellement panorama inédit que je percevais là ? N’avais-je pas comme une impression de déjà-vu ?

Naissais-je ou n’étais-je pas seulement et finalement pris dans l’indicible cercle d’une cruelle réincarnation ?

Une pensée… l’immédiateté… les muscles de mon front se détendaient à l’unisson : je laissais aux jours à venir le soin de me l’indiquer.

Et ils montrèrent, guidèrent, filèrent.

Sensations…. Pénétrations… Illusions… Emotions… Divagations… Discussions… Masturbations… Rédactions… Attractions…
L. , puis Aile, et encore Elle, comme une farandole de cette belle consonne : aguichante, entêtante, bandante, stimulante, savante, mordante, dilettante, émouvante, violente… Alcools, rires, sourires,… Plus de drames, juste des ombres, celles nuageuses voilant l’astre à peine plus d’un instant avant de le laisser enfin brûler les idées noires !

C’était il y a sept ans, j’en avais trente : la plus belle année de ma vie. Je pourrais prétendre qu’elle se reproduit à l’identique aujourd’hui, que les tripes et le cœur battent à l’instar de cette année 2002 (Renaissance !), mais ce ne serait que mensonge : je ne suis simplement plus le même. Comme Elle me le disait, Elle m’a changé depuis cette période… je le sais… en bien, en mal, cela n’a pas d’importance, je puis juste affirmer que je ne suis plus celui-là, plus complètement. Des radicules juste germant alors, un arbrisseau prend aujourd’hui sont essor, agitant son feuillage léger, du moins me semble-t-il (Naissance !). Il n’est guère robuste encore, mais aux vents nombreux résiste, ploie sans rompre, se redressant plus vert, moins innocent. Avec ce soleil, encore longtemps il croîtra. La brise est légère…
L’effraie déjà y niche en son cœur, tandis que plus haut, en sa cime, Buse s’est posée, agaçant les branches de ses serres, faisant frémir les feuilles plus qu’au vent. Entre les racines, une Belle y grave quelques mots, ancrant en la chair fraîche quelques écrits salaces et tentateurs de la pointe de ses ongles, provoquant une houle violente sous la peau boisée. Enfin, un peu à l’écart, Elle sommeille… son souffle est régulier… elle ignore tout de l’ombre qui lentement la couvre à mesure que l’arbre, protecteur, étend quelques ramures tout de vert mantelées : ainsi, les pluies et éléments ligués ne pourront la menacer.

Que de souffles à frissonner, de terres à fouiller, de sillons à creuser, de volatiles à observer …

Une dernière fois, je regarde en arrière, les vestiges de ce que je fus durant de trop longs Moi(s), le reflet émergeant du liquide amniotique poisseux et coloré : non loin de là, un masque de cire, brisé, où se dessine toujours une triste grimace, vague ébauche de sourire.

Le mien est réel… je l’avais oublié : je vis.

4 commentaires:

  1. Comme si tu ne la connaissais pas, d'envers et d'endroit, intimement même, profondément voire,...

    Menue, brune, plutôt vive et agile, curieuse, un peu lionne en cage, elle sait aussi se montrer douce...

    Avouons aussi, pas vraiment féminine, l'ongle invisible, un "grain de beauté" en son sein... mais de ses cinq doigts, elle a fait, fait et fera toujours l'ouvrage...

    Je sais que l'on pourrait alors penser qu'une seule compagne pour la vie c'est bien triste, mais l'on sait parfois se contenter de ce que l'on a... surtout lorsque l'on pense que nulle autre à l'avenir n'osera vous toucher. :p

    D'autres questions ?

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  2. Promis... ce soir j'te colle deux doigts ! (pour faire clair ^^) (vraiment pas classe cette réponse, voire s'approchant dangereusement du point de nullité absolu... et en plus, la balise "rayé" ne marche pas dans les commentaires... -__-)

    Promis donc... si cela arrive avant que l'un ou l'autre ne décédions, ce qui nous semblait fort probable à l'un et l'autre hier soir lorsque nous devisions sur notre grand âge, je tâcherai de t'en tenir informée. Reste tout de même que la chance est... mince ? ;p

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