9.12.06

Seuls Two


« Solitude »

Pas moins de trente et une longues années, ou presque, m’auront été nécessaires avant que de trouver une compagne pour partager mon quotidien, mes jours, mes nuits, et mes humeurs (quelles qu’elles soient ^^;). Presque le tiers d’un siècle, donc, pour abandonner celle qui demeurait jusque lors ma plus vieille amie, p’tit bout d’abîme aux appétits invasifs, sombre moire à la fidélité lénifiante… ô ma chère solitude.


Né fils, unique, vite élevé à l’autosatisfaction de n’avoir rien à partager, je m’étais pourtant longtemps accommodé de son invisible présence, ténébreuse muse d’imaginaire, jeux solitaires, esprit débridé, créativité renforcée. Les copinages ne concernaient alors que le milieu scolaire et l’espace vert du lotissement accueillant mes jeunes années : j’oscillais donc aisément entre une petite bande de potes et ma chambre qui, elle, était toute à nous. Des guerres violentes de soldats miniatures aux vaisseaux intersidéralement légoïfiés, du plumage playmobilesque d’indiens plastifiés aux gadgets tant attendus d’un Pif hebdomadaire, des bandes dessinées belgitaloaméricaines aux bibliothèques vertes et romans d’aventures lus en cascade... une simple enfance heureuse, banale, à la solitude jamais regrettée… si bien qu’à aucun moment, de mémoire, désir d’une fratrie ne fut émis. Mes parents, moi, elle… 11 années sagement passées aux mauvais souvenirs ignorés.


Les deux décades suivantes la virent, logiquement, plus gourmande, voire gloutonne, toujours collée à mon être au point de m’en faire oublier quelques mois. Quand l’assise parentale explosa, que l’adulte trop vite devenu dût s’assumer non plus par choix mais par obligation, elle me fit oublier le sérieux du quotidien, me maintenant dans mes vertes années, une fois la porte de chambre refermée. L’extérieur voyait un enfant mûr aux discussions sérieuses de ses cultivés de parents quand l’adolescent conservait avec elle seulement ses jeux infantiles… et quand il fallut partager, l’espace, les parents, une famille qu’il n’avait désiré, le sein thérapeutiquement éloigné, elle se fit plus forte que tous, et dans l’idée de le protéger, tous ses souvenirs avalés… envolés : une année à jamais formatée d’où mon disque dur cérébral n’extrait plus que d’infimes bribes de données mémorielles. Douze mois passés aux pertes… surtout aux profits !
Avec le temps, un foyer plus perturbé finit par se reformer… pas de ceux que l’on choisit, encore, mais nous avions désormais notre vie, rien qu’à nous, dans cette chambre que peu pénétrait (vous raconte pas l’odeur ^^;), et les éclats du quotidien ne troublaient désormais guère notre symbiose. Mon ascendance ne comptait plus tant que cela. Pas vraiment une rébellion à l’âge approprié, juste la fin d’un lien trop fort tiré, quasi-brisé : mes amis étaient ma famille, ma famille n’était plus, qu’elle, et mes amis, encore. (c’est en effet à cet âge que je découvris l’amitié… mais ce sera sûrement le fruit d’un autre sujet… un jour ^^) De cette solitude que je ressentais dans mon être, j’apprit aussi énormément : de cet onanisme de vertus littéraires qui ne vous déçoit jamais, simple, rapide, propre, avec pour seule limite son imagination, premier contact avec la sexualité… de ces nuits à m’endormir en m’imaginant encore, la majorité passée, aux commandes de gigantesques robots vengeurs et justiciers… de ces textes, histoires, récits, aux lignes griffonnées sur d’improbables feuilles d’un loisir nouvellement découvert… de ces conversations épongées lors, dès mon plus jeune âge, engoncé seul dans le moelleux d’un fauteuil, je refusais d’aller me coucher pour écouter les adultes visiteurs de « mes » maisons… juste un esprit libre, commun, confronté à lui-même… et tant de matières pour qu’avec elle, nos liens se resserrent.


L’enfer est tout entier dans ce mot : solitude. Victor Hugo


Je le pensais parfois… De ces années, il y eut aussi son ombrageuse emprise, égoïsme mien, lorsque je choisissais de conjuguer mes loisirs au pluriel : parfois violente, souvent pressante et cruelle dès que ma fratrie s’éloignait ou mes espoirs amoureux s’effondraient, comme s’il fallait me reprocher cette attention coupable. "Je suis là, et jamais je ne t’abandonnerai, moi !" réconfort virant au cauchemar de n’être que la moitié d’un état. La vie passant donc, quelques noms chers disparurent : David, Frédérique, Didier, Marco, Isabelle… ma première aventure, ma (trop) longue affection, mes amis ; Elle, bien sûr, perdura, plus précieuse à mes yeux, semble-t-il, que leur compagnie. Mais ces désillusions éphémères, nécessaires, naturelles, eurent aussi leurs contreparties, agréables entraves, suffisamment solides pour ignorer sa tranchante jalousie… C’est sûrement de Franck, Florent, Puce et Laurent que j’entrevis enfin qu’elle et moi pouvions cohabiter avec leur amitié. Aussi les accepta-t-elle : aussi n’eûmes-nous pas le choix devant tant d’évidence, restant à jamais amis.


Quand la trentaine s’annonça, le routinier labeur étant convenu, l’appartement chèrement acquis, la cabane à jardins s’étant suffisamment emplie, la virginité avalée… de travers…, nous demeurions donc surtout, encore, un petit couple aux habitudes bien ancrées dans une petite prison bien ajustée. Plus vraiment effrayé de son trop plein de présence par une habitude, sûrement néfaste, j’en vins alors à la tromper (enfin ?)… elle était certes toujours ma compagne de lit, de jeux z’et d’aventures (qu’elles soient vidéo ou …éroto), mais mon attention désormais se tournait vers l’hypnotique royaume de la toile. Au gré de mes tapotages de doigts, je découvrais alors un monde nouveau qui s’ouvrait à moi, univers où il n’était nul besoin de créer de véritables liens pour s’acoquiner avec autrui, pour deviser drolatiquement, ou plus sérieusement : je trouvais là une solution à la maxime, prouvant que l’on pouvait vivre seul tout en n’étant pas forcément mal accompagné. Quatre années s’écoulèrent ainsi, durant lesquelles je me félicitais de toutes ces rencontres virtuelles qui, à mon sens, bien qu’agréables et parfois constructives, ne déboucheraient jamais sur autre chose qu’une sympathie bien amène : ma conviction était telle que ma solitude s’en nourrissait, trop heureuse de ne me partager que virtuellement. Le danger était tout autre… mes amis et "Toi" en êtes la preuve vivante. Cela m’amuse d’ailleurs toujours autant de me rappeler ma crasse assurance de l’époque, pas si éloignée que cela, où je jugeais avec dédain ces amitiés et amourettes de fils informatiques tissées : à moi, cela ne m’arriverait jamais.


Aujourd’hui, ma schizophrène a cédé sa place au simple sourire d’un réveil au matin, lors mon regard caresse son visage (pour peu que ma paupière lourde daigne se soulever avant l’arrivée de la douche salvatrice ^^). Entre la peur de la perdre, la peur de la garder, le choix s’est imposé de lui-même, sans qu’il y ait le moindre doute dans mon esprit : la solitude devait s’effacer. Le vide s’est fait chair, sang, chaleur du contact de deux mains se frôlant pour s’assurer, se rassurer de la présence évidente de l’autre. Pour autant, cette vie à deux, si passionnante soit elle (j’allais écrire heureuse mais c’eût à la limite de l’angélisme ^^), ne peut occulter totalement ce qui fut vécu trois décennies durant : on ne vit pas aussi longtemps avec une habitude quasi personnifiée pour l’oublier en quelques années. Il est donc des moments, nécessaires, où celle que je retrouverai, inéluctablement, un jour me manque. Ce besoin d’être seul, éternel insatisfait, outre les absences familiales de mon aimée, se retrouve dans ces instants que je vole lorsque l’opportunité se présente : de la douche songeuse (et donc longue ;-p) à la phase précédant le sommeil, des toilettes bienfaitrices (si, si ^^) z’aux trajets quotidiens, celle qui est restée ma chère solitude n’est jamais bien loin, même si aujourd’hui, les rôles se sont inversés et que moi seul décide de nos échanges. Car si précieuse me fut-elle, si riches soient les enseignements appris à ses côtés, si chaleureux soient les souvenirs partagés, il n’en demeure pas moins que jamais elle n’aura l’importance que revêt à mes yeux la présence de Karo à mes côtés. Cette boule qui se forme au creux de ma gorge lors de ses rares absences m’en est le meilleur des nœuds ornant mon mouchoir cérébral, au cas où l’envie me prendrait un jour de reprendre une existence, certes plus aisée et oisive, où les concessions n’existaient pas, pas plus que les décisions communes, les problèmes à partager, où les matches de foot à ignorer (ce que je souuuuuuuuuuffre ^^; ).


Pour clore, un chrysanthème fera l’affaire. Elle marquera ce verveux verbiage verbeux (beurk) d’un ptit couplet d’une chanson de monsieur Aubert, éclose il y a quelques années de cela dans le fleurissant album qu’est "H". Ce joli texte qui me parlait, me parle et me parlera tant… et qui devrait dès lors vous évoquer, z’à vous aussi, quelques souvenirs sur celle que chaque être humain croise un jour…


Solitude


Je sais que lors du dernier voyage
Tu seras la seule à côté de moi
J’t’aurai aimé comme j’aime la vie
J’n’aurai aimé qu’en compagnie
De ma chère solitude
Faut pas qu’tu deviennes une habitude
J’ai besoin de ta sollicitude

...

13.8.06

Les Raisins De La Colère


« Colère »

n.f. (bin tiens ^^) du latin choléra, du grec kholé, la bile. Etat violent et passager résultant du sentiment d’avoir été agressé ou offensé.


En fait, j’en suis venu à tapoter quelques mots sur le sujet après un petit coup de sang assez anodin, bris de plastique sur surface boisée, duquel avait germé l’ébauche d’une nouvelle pierre à l’édifice entoilé qu’est ce lieu. Après un coup d’œil conséquent dans le Petit Larousse, je trouvais cette définition dictionnariale quelque peu restrictive : outre l’émotion, que nous avions tous un jour plus ou moins éprouvé, pouvait-on réellement limiter son éclosion à une simple sensation d’atteinte de soi ? Ne semblait-il pas qu’en étaient écartés d’autres paramètres propices à l’éclat, et tout aussi important que sa personne propre ?


Bien entendu, le propos du célèbre dictionnaire n’est pas de digresser sur le sujet, mais je fus surpris d’en voir si peu écrit sur le sujet. Ayant comme tout à chacun déjà éprouvé l’envie de fracasser la tête d’un individu (fusse-t-il moi-même) suite à un accès de colère, j’ai rebroussé les manches de mes p’tites cellules grises (fort heureusement chaque jour un peu plus en nombre décroissant ^^) et me suis demandé… "Suis-je moi-même coléreux… et qu’est-ce qui, chez moi, peut déclencher de telles émotions ?"


Après réflexion, la réponse à la première question est négative… Bien entendu, je me laisse parfois aller à l’emportement, mais suis plus prompt à pousser une gueulante contre moi-même, une série de données informatiques qui fait rien qu’à me faire perdre, ou un morceau de bois qui blesse mon poing qui l’assaille (l’outrecuidance de ces objets, parfois -___-), qu’à l’encontre d’un individu réel. Cette colère expansive, envahissante, n’est d’ailleurs souvent que passagère, et peu liée à ma vie propre ou à mes convictions : que cela soit pour un jeu, un reportage télé choquant, une histoire édifiante, ou un récit consternant de connerie, ce ne sont que broutilles dans mon existence, mais faits incontournables dans l’instant. Très vite alors, l’émotion peut me submerger, que cela soit en paroles, pleurs, cris ou même projections et sauts divers et variés (en témoigne mon impressionnant tableau de chasse de manettes de jeu n’ayant su résister à mes souhaits contrariés, et dont on retrouve parfois quelques bris sous les meubles, au gré des saisons ^^; ) : cette petite boule au fond de la gorge ou au creux de l’estomac, que l’on sent grandir à mesure que se traitent les nouvelles informations, et qui peu à peu provoque une tension palpable, doit alors être expulsée, sous une forme physique, tangible, afin d’être soulagée, et "cherry on zi cake", plus vite oubliée. Le plus ironique demeurant que les conséquences de ma colère ne viennent en fait la renforcer par la bêtise infinie d’avoir cédé à la tentation d’un courroux trop facile, et transformé ce qui n’était qu’une futilité en résultat plus sérieux. On se moque sur l’instant des retombées, seule comptant l’ivresse d’une ire assouvie… même si ce n’est que pour la reprendre quelque jour plus tard.


A l’inverse, lorsque l’atteinte sera plus personnelle, touchant à moi-même, à mes idées, à mon couple, ou autre sujet intimement lié à mon être, la réaction se fera tout autre. Le paroxysme sera généralement beaucoup plus long à atteindre, le ressentiment plus secret : on ne veut blesser inutilement ce qui vous est cher, et c’n’est pas sur l’immédiateté que ce type d’emportement se bâtit. Le scorpion grappille petit à petit ses cailloux pour en faire sa tanière, patient : et sa mémoire n’est pas si désastreuse qu’elle pourrait y paraître !^^ La froideur, tout un mûrissement complexe pesant pour et contre, précède alors la violence. L’explosion se fait d’avantage mentale et réfléchie : les retombées en sont verbes insidieux ou guerriers, silences dédaigneux ou blessants, masques fermés ou ironiques, tout un arsenal de fureur pouvant effrayer ou tuer le présomptueux agresseur, individu ou idée, une fois pour toute. C’est d’ailleurs assez étrange d’écrire sur ce thème… de tenter de démêler cet écheveau de sentiments orageux, bien souvent tempérés par le pardon, la lâcheté, ou la mansuétude dont on fait communément preuve envers tout ce qui est important ou sensible à nos yeux, notre esprit ou notre palpitant.


Quant à mes motifs de colère, ils sont aussi divers que variés, mais je dois bien avouer que ces dernières années, la palme revient tout de même aux jeux vidéo… joués en solitaire, tant il est vrai qu’à plusieurs, même si je n’aime pas perdre, j’essaie de toujours rester droit : la machine ne pouvant me répondre, et ne pouvant être touchée par mes mots, et surtout mes actions, la mauvaise foi est alors plus aisée, et l’exutoire tout trouvé. ;-p. Suit de près ma débilité profonde de céder à de si inutiles et excessifs, mais ô combien apaisants sur l’instant, excès d’humeur : je ne compte plus désormais les victimes de ces petites galettes chargées d’octets, entre les dizaines de manettes, le mobilier qui les recevait, et deux magnétoscopes, synonymes d’autant de brouzoufs jetés par les fenêtres… Ces deux-là doivent d’ailleurs être mes seules extériorisations physiques dans le domaine.


Depuis quelques temps aussi, une certaine maladresse m’étreint, frappant surtout et malheureusement les biens du Kat’ : la culpabilité l’emporte alors bien vite sur le courroux, tout comme l’inquiétude de constater que les chiens ne font, dans une certaine mesure, pas des chats (il me faudrait bien dix vies pour espérer un jour rejoindre ma mère en la matière ^^).
Ajoutez à cela, certains reportages ou fictions touchant à mes idéaux, à mes "croyances", et remuant suffisamment ma vieille carapace chitineuse pour que le cœur qui s’y cache bien à l’abri soit conséquemment affecté, le sport aussi, vecteur par excellence d’émotions, et qui peut me déclencher de belles envolées verbales lorsque celui-ci prend un cours "étrange" perçu depuis le confort moelleux du canapé, et vous aurez une liste assez exhaustive des petits emportements me secouant parfois.


Mais toutes ces peccadilles n’ont pas vraiment d’importance sur mes acrimonies desquelles naissent, quelquefois, mes pires rancœurs. La mauvaise foi évidente ou l’incompréhension de mon entourage ou de mes interlocuteurs, l’injustice envers moi-même ou mes (très) proches, tout ce qui, dans un échange voulu sérieux, relèverait du manque de respect même le plus ténu envers l’intellect le moins développé, font partie des tisons qui peuvent marquer mon calme au fer rouge, et par conséquent mettre le feu aux poudres, même si la mèche est parfois longue, suffisamment pour que les mots qui heurtent alors soient choisis. Je sais alors que cette colère, toute glaciale et volcanique, à la fin, sera parfois mauvaise conseillère, mais il est des passions que l’on ne sait taire, fusse en dépit du bon sens… au risque de se corrompre soi-même, et d’ainsi faire naître une colère bien plus sourde encore. Toutefois, afin que l’amertume soit le moins souvent possible le mot de la fin, je garde désormais toujours à l’esprit ce petit adage récemment découvert… une bonne conclusion. ^^


"La rancune est à la colère ce que le vinaigre est au vin."

27.7.06

La Question Ordinaire


« Mesdames et Messieurs les jurés… »

" …si vous êtes tous ici aujourd’hui, c’est bien pour juger ce blog, mais outre ce blog, c’est surtout de sa mise en page dont il s’agit !
Bien que récemment arrivé dans le macrocosme internet, malgré la juvénilité quasi-certaine de son créateur, ainsi que le peu de matières encore exposées, nous ne pouvons ignorer l’apparence particulière de ce lieu, tout comme ses dimensions qui pourraient paraître impropres à une certaine frange de son lectorat. Nous sommes tous quotidiennement soumis à des informations aussi diverses que contradictoires visuellement parlant dès lors qu’il s’agit d’internet. Aussi serait-il enfin temps de se poser les bonnes questions, celles-ci étant au nombre de trois…!


En premier lieu, trouvez-vous que le style graphique de ce blog soit approprié ou est-il tout simplement trop lourd pour éveiller un semblant d’attention ?
Ensuite, et dans le même ordre d’idée, la mise en page, l'alignement du texte à gauche ou justifié, les espacements de lignes, l’écart entre les mots, facilitent-t-il ou nuisent-il à la lecture ?
Et pour finir, la taille d’écran nécessaire n’est-elle pas trop étendue, à votre humble avis, mesdames et messieurs les jurés, pour que le commun des écrans puisse en supporter la vue ?


C’est de cela qu’il vous faudra délibérer afin que ces lieux atteignent une certaine quiétude, tout comme il sera judicieux dès vos prochaines lignes de soulever quelque autre lièvre que ce soit afin d’améliorer le cadre de vos futurs ébats scripturaux. Je fais dès lors confiance à votre bon goût : soyez justes et prolixes. "

26.7.06

Be Kind Rewind

(de Michel Gondry ; 2007 ; *****)

"La lumière revient déjà..."

Atomik Circus, La mémoire dans la peau, La mort dans la peau, Mensonges et trahisons et plus si affinités, Collateral, Eternal sunshine of a spotless mind, Bridget Jones 2, Narco, Les indestructibles, Innocence : ghost in the shell 2, De battre mon coeur s'est arrêté, Iznogoud, Danny the dog, Espace détente, Le couperet, Team América, Ray, Million dollar baby, Garden state, Brice de Nice, Kingdom oh Heaven, L'empire des loups, Star Wars III, Papa, Sin City, Crazy Kung-fu, L'interprète, Les poupées russes, Batman Begins, Madagascar, La Guerre des Mondes, Charlie et la Chocolaterie, Les 4 Fantastiques, Mr. & Mrs. Smith, Le transporteur 2, Kiss Kiss Bang Bang, Les Frères Grimm, Les Noces Funèbres de Tim Burton, La Légende de Zorro, A History of Violence, La Boîte Noire, The Matador, Les Chevaliers du Ciel, Palais Royal, Harry Potter IV, King Kong, Le Monde de Narnia, Lord of War, Un ticket pour l'espace, Good night & good luck, Pompoko, Munich , Les Bronzés 3, Fauteuils d'orchestre, Underworld 2, Mémoires d'une geisha, Les Brigades du Tigre, OSS 117 Le Caïre Nid d'Espions, L'Âge de Glace 2, Enfermés dehors, X-Men 3, Marie-Antoinette, Dans la peau de Jacques Chirac, Cars, et enfin, Nos jours heureux… simple bilan de deux années complètes (ou presque) d’émotions, de déceptions et de surprises, de découvertes et de confirmations… vingt quatre mois de cinéma, et de salles.
Depuis quelques jours, ainsi qu’un bref passage en région parisienne, je me demandais quel allait être le contenu du présent témoignage qui comblerait, au moins pour un temps, le vide de ces lieux… entre paresse, amitié, colère, festival, humeurs disneyennes, famille ou poli’tic, aucun sujet ne m’inspirait réellement, et une certaine fainéantise intellectuelle amplifiait le phénomène. C’n’est qu’en cogitant sous une douche relativement tiède, se demandant quelle toile allait-il bien pouvoir aller se faire cette semaine, que, par une chaude matinée estivale, l’androctone que je suis eût l’illumination, et un point de départ pour une réflexion "raz des pâquerettes". Or donc…
J’n’ai jamais vraiment été un mordu de salles obscures, comme d’autres connaissances pouvaient, elles, l’être, enfilant chaque semaine séance après séance, comme d’autres le font avec des… perles : certes, mes loisirs, ma position géographique et mon entourage ne s’y prêtaient guère, mais cette solitude certaine (ou certaine solitude), cette dépendance motorisée (aux proches ou au réseau de bus local), ces lectures nombreuses (mais illustrées), ainsi que ma propension à tester la solidité du matériel estampillé Sega, Nintendo, ou Sony , n’expliquaient pas tout ; il y avait bien sûr le coût, mais j’n’avais surtout simplement pas envie : tout au plus enchaînais-je, lors des bons crus, deux ou trois films à l’année.
Les choses changèrent lorsque l’âge vint (la sagesse était là depuis déjà bien longtemps, of course, ne faisant que se bonifier depuis ^^), ainsi que la compagnie de cinéphiles pas forcément sinophiles, l’émolument mensualisé (et régulier), l’installation en un lieu civilisé (comprendre à moins de dix minutes à pieds d’une FNAC et d’un ciné), bien sûr le temps béni de l’abonnement ciné… et de la démocratisation de la version originale ailleurs qu’en terre lutécienne !!!
De cette moitié de décade, je n’ai que de bons souvenirs cinématographiques… pas tant que je sois bon public ("si si, quand même !" me souffle-t-on à l’oreille… vilaine conscience ^^), que mon œil s’humidifie pour un mélo prévisible une poignée de minutes avant que celui-ci ne se révèle, que mon choix en matières de récits soit quasiment divin, ou que mon rire discret n’agace sûrement le voisin quand une salle reste muette pour une tarte téléphonée, mais, à chacune des œuvres croisées s’attache une belle… réminiscence (quel beau mot !).
Outre la valeur émotionnelle véhiculée par certaines histoires, parfois inattendues, "aller au cinéma" ne couvre pas, à mon sens, le seul spectre du spectacle son et lumière, du scénario bien ficelé, ou du jeu d’acteur juste Juste. Bien entendu, ces éléments sont très importants, et l’on ne peut qu’avoir un avis après une sortie de salle obscure, mais c’est bien le cadre qui différencie, au final, le nanar’ vu sur écran géant en compagnie d’anonymes individus, du chef d’œuvre regardé sur un cathodique (voire un plasma, pour les plus chanceux ;) ) installé confortablement dans son fauteuil de salon. La "salle", hors son apport de puissance sur le plan sensitif et émotionnel, sur quel film que ce soit, est aussi une histoire à elle seule : par son public et ses réactions, les personnes qui vous accompagnent, l’architecture du lieu, parfois son histoire, le chemin qui vous y a mené, et celui que vous suivrez après que le mot « fin » se fut éteint, ce sont toutes ces petites choses qui ramènent bien souvent plus d’images à mon esprit qu’en évoquera la pellicule pour laquelle je me suis déplacé.
Ainsi, une sérieuse discussion d’après séance, une salle dont le décorum méritait à lui seul le coût du ticket d’entrée, une bonne rigolade avec un ami, une journée de boulot ennuyeuse achevée par une virée entre collègues puis un restau créole, un alignement de sièges au fin fond de Paname la belle dans un endroit pas plus grand que mon salon, des larmes si présentes pour une histoire si évocatrice, une rangée de têtes dodelinantes, un plafond plus qu’étrange pour un écran plus qu’étendu, l’avis d’un critique en herbe de Télérama lors d’une avant-première, une tête qui se pose sur mon épaule… si souvent… sont quelques souvenirs en vrac auquel s’associent immédiatement La Passion du Christ du Mel, un Steamboy dans l’Utopia de Bordeaux ou un Woody Allen (Escrocs mais pas trop…) dans la Pagode du 7ème, l’UGC Orléans, tant de fois avec Christophe, au sortir du train nous ramenant de Paris, La Planète au Trésor dans ce fabuleux Grand Rex, Roger and me dans le quartier Mouffetard avec Stéphane en guide urbain, Eternal sunshine of a spotless mind, ou quand Gondry et Carrey ravivent les plaies d’un passé endormi avec une incroyable douceur, le rythme hypnotique et jubilatoire de Ray rassérénant mes orteils endormis, l’homme-araignée tissant sa première toile sur celle immeeeeeeeeeense des Champs-Elysées, Jean Dujardin se déplaçant pour moucher un olibrius non réceptif à l’acteur lors de l’avant-première d’OSS 117, et… quasiment tous les films que j’ai eu le bonheur de voir à ses côtés.
Ce média est donc devenu avec le temps une petite fenêtre sur mon passé, mon histoire, comptant nombre d’anecdotes toutes empruntes de joie ou de nostalgie… un passage quasi obligatoire dès lors qu'un projet me titille, bien loin de la soirée plateau repas devant un téléviseur dont le contenu (du téléviseur) au final ne vous bouleversera que par une histoire, au mieux, au pire par le contenu du verre de rouge valsant sur le fauteuil blanc au moment où vous tentiez d’attraper une poignée de chips plus loin sur la table basse.
Il n’y a pas à dire… j’aime vraiment le cinéma.

4.7.06

Le Premier Cri


« To blog or not to blog… »

That is my question !


En fait, il aura fallu nombre d'indécisions, hésitations, tergiversations, et autres mots en -tions, avant que ce petit endroit n'émerge de la toile des mes consœurs à huit pattes. Je ne suis en effet pas un grand amoureux de ces lieux, virtuels mais surtout tendances : mini fora à usage d’échanges, de partages, ou de confessionnaux, ce sont aussi de petits horizons de liberté soumis au dictat d’une seule et unique pensée, celle-là même du créateur. Or, c’est bien cette antinomie qui me chagrine -plus que je ne condamne- et m’a fait longtemps reculer l’inéluctable : on voit trop souvent des sujets, rasants ou plaisants, avec ou sans échos, disparaître par la seule volonté du bloggeur propriétaire, au seul motif que le contenu posé est devenu caduque ou importun, voire inapproprié. On fait alors peu de cas, au mieux, des yeux extérieurs qui avaient parcourus les lignes évaporées, au pire, des réflexions ou idées que le passager avait par mégarde laissé s’échapper de ses mains agiles. Ou comment passer de l’autocensure… à la censure ! En cela, le « blog » me rebute donc… ce qui ne m’empêche pas d’en visiter de temps à autres, ne serait-ce que pour prendre la température de connaissances ou amitiés que ma fainéantise m’empêche de contacter par des moyens moins impersonnels.


D’un autre côté, et par contradiction, je désirais depuis quelques temps créer une place où mes amis et connaissances deviseraient à souhait sur quel sujet que ce soit : un forum à accès restreint devait donc être la solution, mais les moyens, le temps, les connaissances et la paresse, me firent renoncer -provisoirement- à ce projet. Me restait donc, comme espace au rabais, cet endroit remisé dans un carton d’octets, afin de juguler l’envie pressante de retrouver une petite fenêtre d’expression qui me corresponde. A défaut de grives…


Or donc, le voici : le repaire de l’androctone a vu le jour -en attendant qu’il ne bâtisse une tanière plus conséquente-. Au gré de ma vie, j’y aborderai mes rencontres, mes colères, mes sentiments, tout ce qu’aléas ou bonheurs pourront me pousser à transposer, de l’idée au texte. Aspirant ne pas chuter à mon tour dans les méandres que je décrivais plus haut, et surtout, vous extirper parfois une émotion ou deux, j'espère qu’ensemble nous en ferons un endroit aussi paisible qu’acide… ! ;-)


Sarcastiquement vôtre !


P.S. : pour que sa visite en soit agréable, je ne saurai que trop vous conseiller de vous procurer ceci, et cela, sans oublier de faire en sorte que votre petite lucarne soit à la taille adéquate (1024*768).