27.11.15

Le Nom des Gens


« Tu ne peux pas affubler un héros d'autant de problèmes. Les gens penseront qu'il n'est pas assez héroïque. »

Bruce Banner... Scott Summers... Pepper Potts... Sacré Stan Lee... Susan Storm... Otto Octavius... On se rapproche... Peter Parker... Matt Murdock... Hell's Kitchen n'est plus loin... Jessica... Jessica ? Oui, Jessica Jones !


En effet, même si le titre de l'entrée est trompeur, son sous-titre cache moins le sujet qui m'a occupé ces derniers jours, à savoir le visionnage intensif du dernier Marvel - filiale télé - dont le protagoniste principal relevait plus de l'anecdotique dans la production de la Maison des idées : un peu comme si Dumas avait à son époque pondu un pavé sur ce bon Planchet plutôt que sur le célèbre gascon casaqué de bleu et blanc.

Pour faire un peu plus clair pour le néophyte de passage (mais si, il y a du passage ici, alloooons !), dans la firme de tonton Stan, sur le papier, dans ce monde fictif et plus particulièrement à New-York, Jessica Jones est loin d'être le premier nom qui va venir à l'esprit, même, du lecteur assidu des aventures estampillées du big M. En fait, d'un point de vue tout personnel, il m'a aussi fallu sortir mon encyclopédie (ouais, ouais, j'en ai une sur le sujet !) pour redécouvrir que cette minette était originellement une simple figurante ayant croisé l'alias de Spidey, une ado' qui s'était découvert quelques pouvoirs suite à un accident routier (original !), une rêveuse d'exploits super-héroiques qui était tombée sous la coupe de l'un des pires salopards que les comics aient jamais accouchés... et enfin, malheureusement, une femme brisée par cette expérience qui n'évoluerait de ce fait jamais sous quelque costard que ce soit...
Et donc, une série se montait sur ce nom !?
Après les récents Agents of SHIELD, Agent Carter, Powers et le dernier Daredevil, ou même Arrow, Flash, Supergirl et Gotham chez la Distinguée Concurrence, le choix paraissait pour le moins étrange. Oui. Pour le moins !

Et pourtant... pourtant cet AKA JJ est une pure réussite ! Au risque de déflorer l'intérêt déjà ténu de me lire plus avant, je préfère l'annoncer tout de go tant par la suite mes propos ne pourront cacher mon emballement pour cette nouvelle petite réussite signée Netflix. Car oui, j'ai adoré, tremblé, flippé devant le récit des journées merdiques de cette... jolie ?... heu... bonne question... brunette.
J'aurai bien entendu dû voir le marron venir avant qu'il ne me percute la rétine, plusieurs fois, tant les aventures du Diable en rouge signées par la même chaîne m'avaient déjà épaté il y a quelques mois de cela, la série se démarquant des productions super-héroiques antérieures par son ambiance, sa maturité, ses personnages, sa musique, sa violence, ses chorégraphies, bref, un peu tout, mais aussi et surtout son histoire étalée sur 13 petits épisodes auxquels beaucoup reprochaient leur lenteur, leur manque de rythme. Alors oui, dans le cas de Daredevil, le titre aurait davantage dû emprunter à l'homme sous le masque plutôt qu'au masque lui-même, mais au final, jamais la mise en place, l'accouchement puis l'élévation d'un héros n'avaient été aussi fouillés par le passé, et ce quel qu'en soit le support.

Mais Jessica... Et Jessica donc... Là encore, le héros n'en est pas encore un... plus un... est mort... à naître... ne veut pas être ?
A l'instar de tous (TOUS !) les personnages magnifiquement campés dans ce récit terrifiant de noirceur, on ne sait pas trop où l'on va, ce que l'on veut. Si, peut-être. Faire taire, étouffer, tuer, juger, pardonner sa némésis, car il en faut toujours une dans ce type d'histoire, et comme je le disais il y a quelques lignes, rarement Marvel ou DC auront-ils pondu pareil taré. Peu à sauver chez David Tennant, si ce n'est son jeu puisque lui aussi brille dans son/ce rôle qui, à mon sens, fera date. Et ça tombe bien car Krysten Ritter, ni trop jolie, ni trop laide, plutôt indéfinissable mais diablement magnétique, prête ses traits, son ton et son talent à un personnage, le rôle titre, pour qui le mot torture devient un peu plus prégnant à mesure que les minutes défilent.


L'histoire, sans trop la déflorer, copie celle du voisin du quartier, ouais, l'aveugle avec sa canne lasso qui saute de toit en toit, puisqu'elle se situe géographiquement au même endroit, adapte un brin la création originale et, surtout, ne tient qu'en une intrigue unique étirée (ou raccourcie, selon les goûts) sur les 13 épisodes que dure le feuilleton. Mais aux côtés de Jessica, mais tout autant du plus petit second rôle, on oublie vite le côté Pouvoir et Responsabilité pour plonger dans un drame poisseux et anxiogène où menace, suspicion, paranoïa et fluides vitaux guettent à chaque image de la pellicule : violence, souffrance, mort... pire que physique, souvent psychologique... une série adulte mais clairement étiquetée. Car Hell's kitchen n'est pas le terrain de jeux des icônes cinématographiques : ce sont les hommes qui y meurent et on le voit à l'écran. Ce parti pris de rendre le récit plus humain, de ne pas faire dans la mise en scène fantastique et explosive, rend les faits contés... effrayants?... en tous cas réalistes, et c'est bien ce qui démarque Jessica Jones du reste des productions similaires de chez Marvel et DC. Ces choix de réalisation, de couleurs, de récit se retrouvent d'ailleurs dans un générique simplement parfait sur l'image et le son (celui de Daredevil était déjà brillant sur le sujet) : regarder un épisode puis se refaire le générique et il dérange... mais tombe juste sous le sens, comme un résumé, une évocation, un avertissement de ce qui va suivre.

Jessica Jones n'est donc pas une série de super-héros comme les autres (en est-ce une seulement), pas une vision dramatique du mythe : c'est une série dramatique... un thriller... et, si vous voulez mon avis (mais vous le vouliez non, si vous en êtes arrivés là de votre lecture... ou alors vous êtes sacrément masochiste, auquel cas, foncez voir cette série ! Elle ne dure que 13 épisodes... c'est court... trop ! Rhaaaaaaaa !), si vous voulez mon avis donc, c'est probablement la série télévisuelle de l'année.

2 commentaires:

  1. Clairement la ligne Netflix -Marvel est une ligne "organique" avec une parcimonie d'effets spéciaux et d'explosions, presque le superhéros ramené au film d'auteur, face à ses gouffres, ses traumatismes, ses tentations, dans un monde très réaliste. Comme si Marvel avait confié ses scénarios à Zola et maupassant. Une ligne adulte dépouillée de ses sucreries à la Avengers/Agents of Shield et autre Tesseract. Il ne gâche rien que les acteurs soient très ouverts et aimaibles lors des press tours.

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  2. Décidément, tu sais vendre ta came ! Visiblement, c’est de la très, très bonne… J’ai peur de m’y plonger, du coup, de crainte de ne pouvoir lâcher avant la fin, et de laisser Mrs Jones me bouffer le (trop) peu de temps dont je dispose… Mais je ne suis qu’un simple mortel sans pouvoirs, la lutte est inégale.

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