« Quelques raisons d'espérer... ou ne sont-ce que des envies ? »
Une.
Il est parfois des envies qui vous grignotent peu à peu, imperceptiblement
mais inlassablement. Ecrire est l'une de celle-ci. Sur des réseaux sociaux, sur
un forum, via des sites, sur des jeux de rôle, il me faut écrire. Toujours. Encore.
Pour vous, pour les autres, pour personne... et surtout pour moi. Car j'aime
cela : désir... égoïsme... de se livrer, de se lire aussi, de se relire, de
voir ce que j'étais, ce que je suis, le chemin parcouru en avant ou/et à
rebours. L'analyse est complexe, trop, pour moi...
Ce que je sais, ce que je pense, c'est que l'activité est
chronophage. C'est une certitude et un malheur... pour moi. Pour vous cela
relève plutôt de la chance de ne pas à avoir à se gaver de lignes indigestes
chaque jour que l'autre con fait ! Mais quitte à la reprendre (l'écriture), un
peu, je ne voulais pas le faire n'importe où. Parce que certains écrits, que
j'ai d'ailleurs pu pondre plus qu'à mon tour, n'ont à mon sens pas lieu d'être
en certains endroits. C'est mon sentiment. J'avoue que l'actualité prégnante et
récente me conforte dans l'idée. Alors donc, j'ai fait le choix de revenir sous
ces cieux connus, mais revisités... Je pense, j'espère, que j'y serais plus
libre et léger, moins contraint et redondant, dans le fond et la forme. Seul
l'avenir le... non, en fait, l'avenir ne dit pas grand chose. Le présent oui.
J'y suis, nous y sommes... j'ai recommencé à écrire. Et pour reprendre le mot
d'une vague connaissance que j'apprécie sans le lui dire, côté n'importe quoi
dans le propos et l'niveau d'écrit, je débute fort..."Assurément!".
Deux...
L'Ares Predator s'est tu. Je le glisse aisément dans son
nid, un vieux holster dissimulé sur mon flanc gauche dont le cuir usé peine à
endiguer la chaleur encore prégnante du canon de l'arme. A peine sorti du
couvert improvisé d'un angle de container, mes pas me guident vers la forme
gisant quelques mètres plus loin, masse sombre reposant dans son ichor : arrivé
à sa hauteur, j'écarte du pied le Roomsweeper tandis que nos regards se
croisent. La lourdeur de ses traits masque à grand peine la douleur qui
transpire de chaque pore de sa peau tandis qu'un voile imperceptible couvre peu
à peu le bleu de ses yeux : je dois m'accroupir pour débrouiller le souffle
inarticulé s'échappant de sa gorge.
"O...omae. Le... le prix de ta trahison? Dis moi?"
Incompréhension... sans doute doit-il la lire sur mon
visage.
"Trahison !? T'es pas sérieux Filan, hein ? Trahison !
Et tu croyais vraiment que j'traînais dans ton groupe de bras cassés par
fidélité, troglo ? Par idéologie ?"
Tout en rapprochant mon visage du sien, j'appuie un genou
sur la plaie béante qu'il arbore au flanc, provoquant dans un délice carnassier
mais muet, un râle, et la remontée de quelques bulles de sang à la commissure
de ses lèvres déformées. Je murmure.
"Mais putain, tu crois vraiment que ça m'a plu
d'infiltrer votre communauté ? De participer à vos conneries d'opérations pour
le droit des mét' ? De sloter avec cette chienne d'asperge qui servait de bras
droit à Karl !?"
Je jette un bref coup d'oeil dégoûté vers le corps élancé
mais désarticulé gisant un peu plus loin. La jolie frimousse de l'elfe n'est
désormais plus qu'une bouillie de chair et de cheveux or mêlés. Une pensée
fugace fait renaître un sourire. Pas à dire, elle savait y faire à
l'horizontale... normal donc que ce soit sa dernière position. Bel hommage que
j'lui ai fait !
"Mais, omae, je n'étais chez vous que pour l'Humanis. Trouver
Karl, ouais, mais aussi avoir les noms, le réseau, tout ce qui nous permettra
de vous renvoyer là d'où vous venez, un peu plus vite que prévu. Tu sais
bien... hâter l'inéluctable et clore ce putain de sixième monde..."
Dernier brin d'honnêteté envers un mourrant... ou ironie
incontrôlable.
"... et les nuyens, Filan. Les nuyens aussi, t'as
raison... 20000 ?! Tu te rends compte ? Vous valiez 20000 nuyens et vous
l'ignoriez !"
Paroles inutiles, ses pupilles ne fixent plus que le néant.
Je me relève, regrettant mon pantalon tâché de son sang, rafraîchissant
ma mise et époussetant mon Mortimer.
"Bien sûr, je n'ai pas oublié Karl. Pour que le compte
soit rond, je dois encore lui rendre une petite visite : vos infos vont enfin
me permettre de trouver sa planque. Mais t'inquiète, troglo, je lui passerai
ton bonjour... dans la soirée."
Je m'en retourne donc... et avance de quelques pas, avant de
saisir un détail, du genre dragon dans une boutique de porcelaine. Le sang
bordel ! Il n'y avait pas de sang sur le corps de l'elfe ! C'est un peu le
problème avec cette suite Linewire : ces réflexes câblés n'agissent que sur le
corps, pas sur l'esprit. Quelques microsecondes suffisent tout de même pour me
jeter à terre et me retourner tout en dégageant le pan droit de mon manteau
pour empoigner mon arme et activer son smartlink : face à moi, Filan et Malia
semblent en pleine forme. La shaman...
J'effleure mentalement la gâchette de mon Ares qui déverse
un flot de balles sur ces cibles trop faciles. Trop facile ! Les projectiles
s'écrasent sur un mur invisible, provoquant comme une onde d'air à l'impact,
avant de tomber mollement au sol : sous l'effet du sort, l'elfe chancelle à
peine. Le troll, lui, n'a même pas levé son imposant Remington. La shaman !
Le silence retombe sur le quai tandis que le grésillement
caractéristique d'une transmission résonne dans mon oreille.
"Skraa, Ianos ! Je m'excuse par avance de l'intrusion,
mais tu voulais me voir semble-t-il ?"
Ce lâche, cette pourriture d'orque ne s'est même pas pointé,
et en plus, il pirate mon commlink.
"Désolé de ça, omae, mais je ne peux pas me déplacer
pour toi ce soir : tu comprendras bien la situation j'espère. Je tenais juste à
t'informer que nous t'avions scanné depuis un bail..." J'étouffe un juron
sous le regard impavide de Filan. En ce qui concerne Malia, je suis moins sûr. Ses poings serrés et ses phalanges qui blanchissent à mesure que son boss
dégoise ses conneries me font craindre l'arrivée imminente d'une boule de feu
sur mon humble personne. "...en fait, nous avions surtout besoin de
connaître tes habitudes, remonter jusqu'à tes contacts, identifier tes potes du
Policlub... enfin, tu vois ce que je veux dire, non ?"
J'en suis donc à chercher une échappée : le couvert le plus
proche n'est qu'à un battement de mon Linewire, mais cet instant sera-t-il
suffisant pour éviter l'acier du troll et l'énergie de la shaman. Allez...
"Bref ! Je te remercie, Ianos. Sincèrement. Tu as fait
avancer la cause. Ce fut un plaisir que de te voir, omae. Bon vent !"
Je m'élance sans que mes deux cibles n'esquissent un
mouvement. Trop lents !? Et... "Que de t'avoir vu" ? Putain, pourquoi
n'avais-je pas investi dans un booster céréb...
Le Ranger Arms s'est tu. Je le démonte et glisse chacune de
ses parties dans la vieille mallette de cuir usé qui lui sert de nid. La chaleur
du canon est supportable, il n'a tiré qu'un coup. je sors du couvert préparé
sur le toit du hangar, mes pas me guidant vers l'obscurité salvatrice des
Ombres d'Everett. A quelques centaines de mètres de là, des amis, un troll et
une elfe, balance un déchet dans la baie de Possession Sound. Une pensée fugace
fait renaître un sourire: j'espère que celui là n'est pas recyclable.
Trois :
Je ne sais pas vous (non pas vous, tous, vous, quelques uns),
mais ces quelques mois passés m'ont donné l'impression d'une re-prise de
contact avec mes amis. Non pas que nous nous soyons perdus de vue, mais
éloignés, peut-être. Sûrement. Moi, à coup sûr.
Bref, j'ai à nouveau ce sentiment d'un retour à mes jeunes
années, à l'idée d'une "famille", avec les guillemets tant on sait la
valeur que j'apporte au mot si l'on me connaît un brin. En tous cas, je suis
... heureux ?... ouais, c'est ça, heureux, d'entrer à nouveau dans la vie de
toutes ces personnes, et inversement. Les années s'étaient allongées et avec
elles les liens, me semble-t-il.
Alors bien sûr, tout ce sucre et cette guimauve ne se sont pas
recuisinés en un jour, les mois y ont aidé, mais aujourd'hui, je suis bien.
Entouré. Et ce même si la distance demeure. Comme l'impression de faire partie
d'un tout là où il y a quelques années encore la sensation était nombriliste.
Sociabilisation donc ? Ouais, mais non, quand même... faudrait voir à pas trop
déconner.
Quatre ?
Oui quand même. Outre Shadowrun donc, l'héroic fantasy
aussi, mais plus généralement le jeu de rôle, et encore plus loin, le jeu tout
court, ont repris une place dans ma vie, toujours au détriment du temps qui
passe, après quelques 15 années d'accalmie. Alors bien sûr, la
"renaissance" concerne d'avantage mes activités en tant que maître de
jeu qu'en tant que joueur de plateau, mais tout de même, à la vingtaine
accomplie, je tâtais moi aussi du pion, du dé et du plateau et sûrement ne les
aurais-je jamais délaissés si, à l'époque, ce média avait la qualité, la
variété et l'incroyable richesse qu'il connaît aujourd'hui.
De temps à autre, je tacherai donc ici de livrer quelques
sentiments sur ces petites pépites que je pratique, histoire d'avoir votre
sentiment ou, encore une fois, de plus tard relire le mien, sur ces loisirs que
je pratiquais dans les années 2015 et suivantes.
Cinq !
Le réveil est difficile ! Souvent ces derniers temps... Entre
l'heure habituellement tardive du couché, la fatigue du déménagement, la cohue financière
de fin d'année et la pression professionnelle qui dure depuis un an, j'avoue
que les soucis de fric rajoutent allègrement à la morosité ambiante. En tous
cas, c'est ce que je me dis, avant de tourner la tête et de la deviner, ou de
la sentir... son odeur, sa chaleur, sa présence toute simple.
Alors tout s'efface, et je souris. Toujours mentalement...
parfois physiquement. Mais je souris. Petite ancre d'importance qui me
raccroche à la vie et à ses plaisirs... petite encre plus désuète qui me ramène
aussi ici, là et ailleurs.
Six, sept, huit.......... tout plein quoi ! ;)
En une nouvelle publication liminaire, recueil et accueil à la fois...
RépondreSupprimerIl est bon que tu sois là. <3
Je prends enfin le temps de contempler, sourire aux lèvres, la renaissance de ces lieux. Tes mots font plaisir ; compte sur moi pour être à l’affût de ceux qui suivront.
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