22.6.09

Le Passager De La Pluie


« 0,05 ml »

C'est le poids exact d'une goutte d'eau, enfin celui de la goutte métrique plutôt. Quelque chose de léger donc, d'aérien, j'n'irais pas jusqu'à dire évanescent, mais tout à fait dans le ton que je désirais pour cette nouvelle entrée… pour changer.

L'eau donc… j'ai un lien très étrange avec cet élément : je l'aime. Pas sous toutes ses formes, pas dans n'importe quelle situation, mais c'est l'une des choses qui me calme, m'apaise, ou à contrario, dans quelques cas particuliers, m'excite au plus haut point.

Je ne suis pourtant pas accroc de tout ce qui a trait à l'eau… nager m'emmerde, les navires et autres embarcations diverses voguent sur les méandres de mon indifférence dès lors qu'ils ne coulent pas, quand aux bestioles qui y vivent, elles ne m'attirent que coupées en dés dans une assiette ou enroulées soigneusement entre riz et algues nippones.

Mais je chéris toutes ces gouttelettes, pures, salées ou polluées. De la looooooooooongue douche salvatrice d'une disette savonnaire d'un week-end (ouai, des fois, je pupue, et j'adore ça aussi ;D ), aux pluies soudaines et torrentielles de la ville rose… de l'étuve confortable d'un bain hivernal, aux giboulées glaciales d'une fin de printemps… tous ces instants, je les savoure, je m'y repais et m'y repose, j'y intellectualise l'émotion et y transporte le concret vers un océan de déraison. Marcher les vêtements étroitement plaqués au corps, le front haut, ne pas fuir l'ondée, s'y noyer, s'y laver… l'esprit. Le même qui, derrière le rideau strié de marbrures de calcaire, tente de trouver quelques solutions à d'insolubles problèmes sentimentaux, professionnels, familiaux, scénaristiques, ou sexuels, tandis que l'eau ruisselle dessus sa couronne de cheveux noirs. Comme une caresse sur mon derme… là même où il n'était plus, l'onde encore embrassait la blessure, délayant l'ocre en un rubis fuyant.

Le plus amusant est que je ne me souviens même plus de quand date mon abandon à cet aqueux élément. De mon installation solitaire dans mon home sweet home orléanais où enfin je pouvais y passer un temps non déterminé par l'hypothétique besoin que pourrait en avoir mes sympathiques hébergeurs, accessoirement parents ? Ou d'une jeunesse plus lointaine où les seuls souvenirs que j'ai d'une telle attirance ne me ramènent qu'à d'obscures et brèves empreintes espagnoles fixées sur papier glacé ? Je me souviens simplement que mes rares réminiscences de piscine sont traumatisant, poursuivi que j'étais, avec mon petit camarade de l'époque, par un moniteur qui ne savait plus où donner de la tête, les deux machiavéliques jeunes gens – six ans tout au plus – courant chacun dans une direction opposée autour du grand bassin. Nice aussi… un départ de vacances repoussé pour une appendicite qui au final me maintint sur les plages niçoises, une semaine durant : un été à la plage sans le sel séché encroûtant mon corps alors imberbe (si, si, ça a existé ^^).

Petite pluie, jolie douche, continuez donc à pleurer pour moi… comme je ris et chantonne sous le fruit de vos humides entrailles.

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